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25 Janvier 2011
Voici 5 illustrations de l'oiseau-Lyre de Valérie Bonrnfant.
Lir était un oiseau aux pouvoirs particuliers. Son chant annonçait toujours des évènements qui allaient
se réaliser.
C’était comme un oracle que de nombreux animaux de la forêt consultaient, pour connaître leur destin. Lir ne savait pas d’où lui venait ce
don. Aucun de ses aïeux n’avait été porteur d’une telle particularité.
Lir l’avait découverte un jour où il s’apprêtait à saluer la venue du matin, comme d’habitude, d’un chant joyeux. En lieu
et place, il avait annoncé un incendie dans la forêt qui allait se produire très prochainement.
Or, quelques jours plus tard, on constata un feu dans un buisson, et tout le monde conclut au miracle.
Ensuite, ce fut l’annonce de la pluie après la terrible sècheresse de l’été 1509. Lir fut remercié grandement pour sa prédiction
bénéfique.
Plus récemment, Lir dévoila que des inondations jamais vues se préparaient. Et, effectivement, on vit le torrent de montagne habituellement
asséché, dévaler la pente en de grandes éclaboussures. C’était en automne 2005.
Quel talent ! Lir exerçait son art avec beaucoup de conscience. Il se rendait disponible au divin à tout moment
et consacrait son temps à ne rien faire, sinon attendre les signes qu’il retransmettait ensuite à l’ensemble de la population.
Les animaux de la forêt le vénéraient. Un jour, un sage du nom de Perlin vint à sa rencontre.
« Bonjour Lir, serais-tu âgé de plus de 500 ans ? » demanda-t-il.
« Ma foi, je n’en sais rien, je ne vois pas le temps passer… » répondit l’oiseau.
« Mais 500 ans, c’est quand même une longue période. Tu as dû connaître plusieurs générations d’animaux ! » insista
Perlin.
« Ça ne m’intéresse pas ! Je ne fais pas attention aux êtres. Seul le divin m’attire… Et lui, il n’est pas sensible au temps qui
passe ! » dit Lir.
« N’as-tu donc aucun souvenir lié à tes prédictions ? » interrogea Perlin.
« Bien sûr que si ! Je me rappelle très bien les messages de mes prophéties, la première relative au feu, la deuxième annonçant le
nuage puant… et la dernière concernant les inondations. Tu vois, je n’ai rien oublié ! » expliqua l’oiseau.
« Et sur les personnes qui écoutaient tes messages, où ça se passait, s’il faisait froid ou chaud…T’en rappelles-tu ? »
questionna encore le sage.
« Encore une fois, je te dis que cela n’a pas d’importance ! » s’énerva l’oiseau, « ce qui compte, c’est ce que je dis,
divinement inspiré, le reste est anecdotique ! »
Perlin le contempla d’un air compatissant.
« Quoi ? Qu’est-ce qu’il y a ? Pour quoi me regardes-tu ainsi ? » demanda Lir.
« Je crois que j’ai compris le secret de ta longévité » dit solennellement Perlin.
« Hein, que dis-tu là ? » l’apostropha l’oiseau.
« C’est simple, en fait, tu es un être dénué de vie. Tu n’es qu’un objet, ni plus ni moins, qui traverse le temps. Un oiseau de bois,
taillé il y a très longtemps et que les animaux vénèrent. » ajouta le sage.
« Mais tu te trompes, si j’étais sans vie, je ne serai pas là, en train de te parler » continua Lir.
« Mais tu ne me parles pas… » dit Perlin.
« Tu es complètement toc-toc ! Et mes prédictions alors ? » s’exclama Lir, d’un ton glorieux.
« Foutaises ! Les gens ne trouvent chez toi que l’écho de leurs propres attentes les plus secrètes ! Ils pensent que c’est
magique, mais en fait, c’est en eux, trop profond pour qu’ils ne l’entendent… » argumenta Perlin.
Lir protesta un moment puis finit par se taire.
Alors, le sage s’en retourna d’où il était venu. Lir prédit encore de grandes choses, de nombreuses années durant, comme des récoltes
prometteuses après un printemps particulièrement pluvieux, des soirées pleines d’étoiles dans le ciel, des champignons poussant par milliers à l’automne 2015…
Bref, plein de choses extraordinaires qui ne lassèrent pas des générations nouvelles d’animaux de la forêt. Et ce n’était pas
fini !